Cette seconde rédaction a pour but de développer le petit cycle de l’eau qui vise plus particulièrement les consommations des collectivités, de l’alimentation en eau potable (plus précisément de l’Eau à Destination de la Consommation Humaine) à l’assainissement, notamment dans l’habitat.
Les besoins
L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) indique « qu’un minimum de 20 litres d’eau par jour et par personne est préconisé pour répondre aux besoins fondamentaux d’hydratation et d’hygiène personnelle ». Pour vivre décemment, il est plus objectif d’évaluer les besoins à 50 [l*j-1*hab-1] et pour un réel confort, plus de 100 [l*j-1*hab-1]. On retrouve ces ordres de grandeur dans les statistiques du Conseil Mondial de l’Eau :
Si les plages de consommation paraissent importantes, elles ne sont pas uniquement dues aux difficultés métrologiques, mais aussi par les variations, sur un même territoire, des pratiques individuelles. Ainsi, en France, on constate que les régions du sud sont deux fois plus gourmandes que celles du nord. Ce phénomène peut être lié, au sud, à la large présence de piscines, mais aussi aux soins corporels plus fréquents lors des périodes chaudes. Pour l’anecdote, des mesures réalisées dans des hôtels deux étoiles, montrent que l’on retrouve des rapports étonnants, pouvant atteindre 1 à 10 (avec une occupation identique).
Toutefois, l’augmentation du prix de l’eau a induit une meilleure maîtrise des consommations. L’illustration ci-après présente la répartition moyenne des consommations par usages, au sein des logements.
Centre d'Information de l'Eau
La structure du prix de l’eau
Contrairement à la notion de péréquation qui fixe (pour les tarifs réglementés) un prix unique de l’électricité sur tout le territoire, le prix de l’eau varie sensiblement d’une commune à l’autre. En revanche, la structure du prix se décompose en trois parties : l’alimentation en eau potable, l’assainissement et les taxes. L’exemple ci-dessous détaille la répartition du coût de l’Eau de Paris. Grossièrement, pour un particulier, en valeur TTC, l’alimentation en eau potable représente 50 % du montant du mètre cube. Cette précision est importante, car dans le cas d’une réutilisation des eaux pluviales pour un usage qui produit une eau usée, l’économie financière réalisée ne sera que de 50 %. La législation impose, en effet, de déclarer le volume des eaux pluviales réutilisées qui impliquent l’assainissement collectif. Il est utile de se rapprocher des collectivités locales pour maîtriser le tarif en vigueur.
ACME
Les dispositions hydro-économes
Comme on l’a montré dans le premier texte, la consommation des collectivités n’est pas prépondérante, mais une règle environnementale s’impose : « l’eau économisée sera profitable au porte-monnaie et à l’environnement ». La première disposition consiste à évaluer ses consommations. Si aujourd’hui, chaque logement neuf dispose d’un comptage, ce n’était pas une disposition habituelle par le passé où la consommation globale d’un immeuble collectif était répartie selon une clé. Par ailleurs, même avec un comptage individuel, l’information ne parvenait souvent qu’au moment de la facturation annuelle ou semestrielle. Le développement progressif des comptages électroniques avec, soit par l’intermédiaire de l’opérateur, soit directement, des informations est de nature à favoriser une meilleure prise de conscience des consommations et des dysfonctionnements, notamment les fuites qui peuvent représenter des volumes significatifs.
SIEPV
Un second axe, trop souvent négligé, consiste à réguler la pression de l’eau dans chaque logement. Cet investissement est propice à limiter les consommations car le débit aux points de puisage « ouvert1 » est fonction de celle-ci. Par ailleurs, la durabilité du matériel est améliorée.
1 Un point de puisage « ouvert » est une alimentation dont l’écoulement est libre immédiatement selon l’usage (évier, lavabo, douche). A contrario, un point de puisage « fermé » est une alimentation où l’écoulement consiste à remplir un contenant (chasse d’eau, baignoire).
Au niveau domestique, l’orientation vers des équipements économes est de rigueur. Aujourd’hui, le WC à double débit ou « stop and go », apparu au début des années 90, est devenu un classique des installations. Les régulateurs de jets (plus connus sous le terme de mousseur à effet Venturi) progressent et les occupants sont désormais attentifs à la consommation des machines à laver lors du renouvellement des appareils (indication sur l’étiquette énergie).
Sous la double contrainte économique de la facture d’eau et de l’énergie (1/3 de l’eau consommée au domicile est chauffée), les occupants ont tendance à substituer le bain par la douche. Malheureusement, l’offre sophistiquée des douches actuelles (hydrothérapie) pour les soins du corps est parfois aussi consommatrice que la baignoire ! Et, puisque l’on évoque l’eau chaude, il convient de rappeler que le traitement de l’eau dans les zones où l’eau est calcaire permet de faire des économies d’énergie et d’améliorer la maintenance des installations. La dureté de l’eau, mesurée en degré hydrotimétrique (symbole « °f » ou « °TH » doit se situer dans une plage idéale de 15 à 25 [°f]. Au-dessus de 25 [°f], un adoucisseur est plus que recommandé.
Toujours en rapport avec l’eau chaude, les distances entre la source de l’eau chaude et les points de puisage doivent être optimisées. En effet, les pertes d’attente (écoulement libre avant de disposer de l’eau chaude) représentent un double gaspillage : l’eau perdue et, par la suite, les pertes calorifiques des canalisations. A ce propos, même dans le volume chauffé, il est largement préférable de calorifuger les canalisations d’eau chaude. Dans le secteur tertiaire, il sera souvent plus judicieux d’opter pour des petits chauffe-eau répartis au niveau des points d’accès à l’eau chaude, particulièrement si les usages sont très intermittents (immeubles de bureaux, salles de classe, etc.). Rappelons également que les matériels en contact avec l’EDCH, doivent être conformes à l’annexe de l’arrêté du 29 mai 1997 ou bénéficier d’une Attestation de Conformité Sanitaire (ACS). On ne peut oublier également les exigences en matière de prévention contre les brûlures et la légionellose (arrêté 30 novembre 2005).
La réutilisation des eaux pluviales
Depuis l’arrêté du 21 août 2008, il est possible d’utiliser les eaux pluviales à l’intérieur des bâtiments (à l’exception des constructions abritant des personnes fragiles : enfants, personnes âgées, secteur sanitaire) pour quelques usages. Ainsi l’évacuation des excrétas, le lavage des sols et, expérimentalement, le lavage du linge avec un traitement adapté, sont autorisés. On se reportera utilement à l’arrêté pour les dispositions techniques.
On terminera succinctement cette liste des actions favorables à la gestion de l’eau, par la végétalisation des toitures, qui, si elles ne contribuent pas pleinement à la restauration des nappes phréatiques par le phénomène d’évapotranspiration, participent néanmoins à la réduction du ruissellement.
Schéma de principe d'une réutilisation d'eau de pluie - SEBICO